L'espace.
On le croit infini, sans limites, et en même temps les théories de sa naissance disent le contraire. Si l'univers est en expansion, il possède donc des limites, si éloignées soient-elles déjà. Et ce n'est pas tout. Selon ces mêmes théories, il est tout à fait possible qu'un jour le mouvement s'inverse. Un jour d'un futur si lointain qu'il semble improbable. Le temps d'une vie humaine est insignifiant à l'échelle de l'Univers.
Et partout dans les limites de cet univers s'appliquent les lois de la physique normale. Les corps célestes, qu'ils soient dans notre galaxie ou à la limite de l'univers, répondent tous à la même force de gravitation. La matière qui s'est répandue dans l'espace grandissant de l'univers dès sa naissance n'a pu échapper à la réalité de sa propre masse. Et cela même si les particules qui la composent ne répondent pas aux lois de la physique normale.
Le monde de l'infiniment petit échappe aux lois du monde macroscopique dans lequel nous vivons. Même les notions de temps et d'espace perdent une partie de leur sens dans le monde des particules. De notre point de vue, selon notre référentiel macroscopique, ces particules semblent adopter des comportements étranges, à l'extrême limite de notre compréhension. Cela est de l'ordre de la physique quantique. Une science qui en est encore à ses balbutiements.
Le professeur Jacques Laplante étudiait les bulles de savon à la surface de l'eau de son bain en train de refroidir tout en pensant à ces théories selon lesquelles il y aurait une multitude d'univers semblables au nôtre. Il y a plusieurs théories, mais aucune ne peut décrire la forme ou les interactions possibles de ces univers. Ceux-ci seraient selon certains des facettes comme une pierre précieuse. Pour d'autres les univers sont telles des bulles d'espace normal flottant dans un immense non-espace. Un grand vide dépourvu de la moindre particule.
Ridicule ! pense le professeur. Des dimensions aussi colossales ? Un tel espace vide serait vraiment un gâchis d'espace. Le professeur tenta de chasser ces pensées, mais il se trouvait entouré par ces bulles de savon. Cette façon qu'elles avaient de s'agglutiner. Leur forme et leurs tailles toujours différentes, toujours changeantes. Leur façon de naitre, de croitre puis d'éclater, tour à tour. Le professeur avait beau se dire qu'une telle chose était impossible à l'échelle cosmique, l'idée semblait vouloir s'accrocher à lui comme ces bulles de savon.
Il tira vers lui la chaine tendue qui reliait le bouchon du bain à la robinetterie. L'eau débuta son long voyage dans la tuyauterie, emportant avec elle la majorité des bulles de savon. Mais il n'avait pas envie d'attendre. Il voulait fuir cet endroit. Il avait besoin de sortir. Il ne prit même pas la peine de s'essuyer. Il enfila un pantalon, une chemise, des sandales puis il agrippa son sac à dos déjà bien garni avant de quitter les lieux par la porte arrière de son petit appartement de ville.
La chaleur d'un début d'été aida à effacer les taches d'humidité de ses vêtements.